Morgane, c'est super que tu aies choisi le métier d'électricienne de réseau. Qu'est-ce qui a été déterminant pour toi ?
Morgane Calgaro : J'ai visité différentes entreprises, y compris un fleuriste et une carrosserie. Mais j'ai vite compris que le travail manuel à l'extérieur me plaisait beaucoup plus. Comme les FMB à Reconvilier ne se trouvent qu'à quelques minutes de chez moi, j'y ai postulé comme électricienne de réseau. Depuis, je ne regrette pas une seule seconde ma décision.
Hans, tu as choisi le métier d'électricien de réseau il y a plus de 40 ans et tu travailles depuis chez BKW Power Grid. Au cours de cette longue période, n'as-tu jamais été dégoûté de tirer des câbles et de grimper sur des pylônes ?
Hans Kallen : Non, pas du tout. Nous avons toujours eu suffisamment à faire durant cette période, on ne s'est jamais ennuyé. (rires)
Électricien de réseau est encore un métier d'hommes. Morgane, as-tu du mal à être une femme dans un domaine masculin ?
Morgane : Pas du tout. Je ne suis pas traitée différemment par mes collègues parce que je suis une jeune femme. Peut-être que les clientes regardent parce qu'elles ne s'attendent pas à voir une femme dans ce métier. Honnêtement : j'aime exercer un métier typiquement masculin en tant que femme et montrer "Hé, regardez, nous les jeunes femmes, nous pouvons aussi le faire". Bien sûr, j'ai des limites physiques. Mais nous nous soutenons mutuellement au sein de l'équipe. De même, tous les hommes ne sont pas capables de soulever seuls des charges plus lourdes. (rires)
Hans, ton père était aussi électricien de réseau. Pourquoi as-tu choisi ce métier ?
Hans : Mon père travaillait déjà chez BKW Power Grid. Moi, je suis peintre de formation. C'est plutôt par hasard que je suis entré dans ce métier. En effet, la formation au métier d'électricien de réseau, tel qu'on le connaît aujourd'hui, n'existe que depuis la fin des années 1980. A mon époque, la formation n'était pas structurée comme aujourd'hui. On apprenait beaucoup dans la pratique et on passait ensuite un grand examen final. Aujourd'hui, la formation est beaucoup plus exigeante, notamment en raison de la sécurité.
Si tu étais à nouveau jeune, deviendrais-tu électricien de réseau ?
Hans : Tout à fait. Le métier est très intéressant, polyvalent et varié. J'aimais grimper sur les lignes aériennes ou poser des câbles. Bien que le "câblage" m'ait toujours plu davantage. Aujourd'hui, je ne fais plus que des inspections.
«J'aime bien montrer que je suis une femme dans un métier d'homme : Hé, regardez, nous, les jeunes femmes, nous pouvons aussi le faire.»
Hans, quelle est la différence la plus marquante dans le travail d'aujourd'hui par rapport à celui d'hier ?
Hans : Le travail est devenu plus compliqué et plus impersonnel au cours des 20 dernières années. Avant, nous recevions par exemple une commande d'une entreprise de construction, nous l'acceptions, nous l'exécutions et c'était tout. Aujourd'hui, la charge administrative est devenue plus importante pour nous, électriciens de réseau, avant, après et pendant une commande, notamment pour des raisons de sécurité et en raison de nouvelles prescriptions.
Pourquoi plus impersonnel ?
Hans : La pression du temps est plus forte, il reste moins de temps pour les gens, que ce soit les collaborateurs ou les clients. On communique beaucoup plus par e-mail qu'en face à face. Mais comme je l'ai dit, les temps changent. Je l'accepte.
Qu'est-ce que les jeunes comme toi, Morgane, peuvent apprendre des collaborateurs plus âgés ?
Morgane : Nous, les jeunes, pouvons profiter chaque jour de la grande expérience de nos collègues plus âgés. L'expertise et les connaissances spécifiques des lignes et des installations sont énormes. Je suis fière d'apprendre ces connaissances et de les transmettre à mon tour un jour.
Quelles sont, selon vous, les qualités qui caractérisent votre génération respective ?
Hans : Nous aimons transmettre notre expérience. En principe, nous pouvons montrer aux jeunes collègues les meilleurs gestes et, de manière générale, leur donner des conseils sur la meilleure façon de faire quelque chose. Mais cela dépend toujours de l'envie de l'autre d'apprendre et de sa capacité d'écoute. Avec Morgane, je n'ai aucun doute à ce sujet. Nous avons en outre appris à réfléchir d'abord, puis à parler ou à agir. Je trouve que cela manque parfois aux jeunes d'aujourd'hui. (rires)
Morgane : Ce qui me réjouit surtout, c'est que dans ma génération, les femmes sont mieux acceptées dans les métiers manuels qu'auparavant.
De quoi ne peux-tu pas te passer dans ton quotidien professionnel ?
Morgane : Je pense que nous avons aujourd'hui plus d'outils et de meilleure qualité que Hans autrefois. C'est un autre point de départ. Si je devais tout de même dire quelque chose, je ne voudrais pas renoncer à la bonne ambiance et à l'esprit d'équipe.
«Aujourd'hui, la formation d'électricien de réseau est beaucoup plus exigeante, notamment en raison de la sécurité.»
Quelle est la réalisation qui t'a le plus simplifié le travail ces dernières années, Hans ?
Hans : Notre système d'information sur le réseau (NIS) nous facilite définitivement le travail. Avant, c'était aussi possible avec les grands plans imprimés. Mais aujourd'hui, c'est plus simple et nous avons tout le réseau sur notre téléphone portable ou notre tablette. D'ailleurs, le téléphone portable est important pour nous. Avant, quand nous étions de piquet, nous devions rester à la maison toute la semaine et "garder" le téléphone fixe.
Morgane, peux-tu t'imaginer, comme Hans, travailler 40 ans chez FMB comme électricienne de réseau ?
Morgane : Bien sûr, je ne peux pas encore l'estimer aujourd'hui. Mais oui, pourquoi pas ? Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir !
41 ans chez BKW Power Grid, c'est long, Hans. De quoi es-tu particulièrement fier ?
Hans : Honnêtement, rien de particulier dans mon travail. Je suis surtout fier de ma famille.
Comment contribuez-vous, à titre privé ou professionnel, à rendre votre espace de vie agréable ?
Hans : Je suis un footballeur amateur passionné et je m'engage également dans le club de football local. J'aime aussi m'occuper de mes quatre petits-enfants. Ils sont ma plus grande contribution à un avenir digne d'être vécu.
Et toi, Morgane ?
Morgane : Je suis une personne joyeuse et généralement de bonne humeur. En effet, la vie est plus facile quand on est de bonne humeur et qu'on a toujours le sourire aux lèvres, et cette gaieté est contagieuse pour l'entourage.